La transformation numérique du travail et des métiers : orientation, formation, télétravail

Alors que l’émergence du numérique dans l’économie et la vie quotidienne représente une nouvelle rupture historique dans les cycles de long terme, la transformation numérique porte des dynamiques de destruction/création qui constituent tout à la fois un risque dans certains territoires, et aussi un levier de développement dans d’autres.

Le déploiement de l’emploi industriel s’est réalisé sur notre territoire, car il offrait à l’organisation taylorienne les bassins de main d’œuvre disponibles et peu qualifiées ainsi que les espaces fonciers abordables nécessaires ( « décentralisation industrielle » pilotée par la DATAR). Dans ces industries, le développement des usages et technologies numériques accentue la dynamique d’automatisation des tâches et accélère le recul de l’emploi routinier. La proportion des emplois industriels et le profil des tâches réalisées, fragilise certains territoires, face à ces logiques d’automatisation.

Dans les industries, le développement des usages du numériques accentue la dynamique d’automatisation des tâches

Pourtant cette automatisation croissante des productions, est de nature à faire évoluer les stratégies de la localisation industrielle. La concurrence de pays à faibles coûts de main d’œuvre a pesé sur le devenir de l’industrie mais demain, des usines très automatisées peuvent redessiner le paysage. Laurent Davezies1 décrit le profil de ces territoires candidats à la relocalisation : bien desservis, bien connectés aux métropoles, peu de pression foncière, disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée.

La digitalisation de l’emploi doit être accompagnée par :

  • de l’information

  • de la formation aux nouveaux métiers

  • la relocalisation des emplois issus du télétravail

L’économie numérique est pour sa part, principalement créatrice d’emplois nécessitant des niveaux de qualification plus élevés et sa compétitivité serait même fondée sur la concentration des talents et les effets qu’en tirent les entreprises (gains de transactions, fluidité du marché des talents, sérendipité... P. KRUGMAN).

La métropolisation semble être un préalable à la concentration de ces talents, mais la numérisation de l’économie organise le travail différemment. Ainsi, il n’est plus nécessaire de concentrer physiquement les forces vives pour bénéficier des leviers de croissance de l’économie de l’innovation. La distance n’est plus l’isolement et avec le numérique, les organisations de s’affranchissent de la proximité géographique autrefois nécessaire aux effets de synergies, aux rendements d’échelle (partage d’un vaste marché de clients et de fournisseurs) et aux externalités positives (diffusion de l’innovation et de la connaissance). Le développement de communautés d’entreprises par affinité plus que par proximité (l’interaction sociale Facebook plus que celle du voisinage), l’accès immédiat à l’information stratégique et la capacité à mobiliser de compétences d’innovation hors de l’entreprise et du territoire, redéfinissent les conditions de réalisation des effets métropolitains.

Ce contexte qui facilite les coopérations dessine également une nouvelle géographie du voisinage. Autrefois concurrents dans une économie où les ressources prélevées (terres agricoles, eau) plaçaient plutôt les voisins en position de concurrents, beaucoup de territoires de Bourgogne-Franche-Comté sont au contact immédiat de pôles économiques considérables au plan européen (Paris, La Suisse, Lyon) qui apparaissent comme de potentiel partenaires. Cette nouvelle géographie constitue assurément un atout.

Cette digitalisation de l’emploi doit être accompagnée en :

  • Informant les jeunes sur l’évolution des métiers et sur les opportunités liées au numérique ;

  • Formant à ces nouveaux métiers ;

  • Travaillant à la relocalisation des emplois permise par le développement du télétravail.

L’accès des femmes aux métiers du numérique fera l’objet d’une attention particulière dans toutes les actions découlant de cet axe “transformation numérique des métiers et du travail” en lien avec le programme d’actions figurant dans l’axe inclusion.

Le Service Public de l’Orientation

Dans le domaine du droit à l’orientation la Région a mis en place, en 2018, le Service Public Régional de l’Orientation (SPRO). Il permet à chaque actif d’obtenir conseil et accompagnement gratuits, pour gérer sa carrière professionnelle, ses évolutions, ses envies de changement professionnel. Ce service est rendu par la Région en coordonnant un réseau d’acteurs répartis sur le territoire (62 structures, 220 lieux), et en s’appuyant sur des plateformes numériques apportant à chacun les moyens de faire des choix éclairés. Pour aller encore plus loin dans l’accompagnement proposé, la Région souhaite agir sur trois axes : La mise en place d’une démarche permettant d’harmoniser pour une meilleure lisibilité l’ensemble des outils dématérialisés fournissant de l’information ; Une réflexion sur des dispositifs innovants permettant de fournir une information encore plus pertinente aux utilisateurs du service public de l’orientation ; La mise en œuvre d’outils capable de structurer et susciter les échanges entre les acteurs locaux de l’orientation, notamment dans le but de les accompagner dans leur propre transformation numérique.

Les priorités pour l'orientation

Le numérique, source de nouveaux usages dans la formation

L’usage des technologies dans le monde de la formation n’est pas une nouveauté, et la crise du COVID a encore renforcé leur utilisation. On parle désormais couramment de classe virtuelle, de formation ouverte et à distance, de MOOC (cours massivement ouvert en ligne). La démocratisation du très haut débit, la large diffusion des équipements numériques connectés, l’accès à des bases de connaissances toujours plus importantes, lèvent peu à peu les freins à l’usage du numérique et bousculent l’ensemble des acteurs de l’organisme de formation à l’apprenant.

La nature des enjeux peut se résumer à trois dimensions :

  • Pour la Région c’est celle de l’analyse et du pilotage des formations. Depuis 2014, en tant que cheffe de file de la formation professionnelle, la Région ambitionne de former plus de 17 000 demandeurs d’emploi en 2020 et y aura consacré plus de 150 M€. Dans ce domaine, le numérique et les données qu’il génère sont des outils de choix pour analyser, adapter et évaluer les formations proposées aux besoins des entreprises du territoire.

  • Pour les apprenants, la dimension de l’accessibilité est sans doute l’enjeu majeur. En premier lieu l’accès à la formation. Le numérique représente un moyen d’imaginer des dispositifs pédagogiques pertinents au regard de l’évolution des rythmes de vie qui laissent peu de temps à l’apprentissage de nouveaux savoirs. Pendant la crise sanitaire de la COVID, 75 % des formations financées par la Région ont été dispensées grâce aux outils numériques. Par ailleurs, pour les personnes les plus éloignées de l’emploi, le développement des compétences numériques représente un levier important pour sécuriser, valoriser un parcours de formation et au final faciliter un retour à l’emploi.

  • Pour les organismes de formation, l’enjeu réside principalement dans leur capacité à se transformer pour adapter leurs pratiques aux besoins des apprenants tout en faisant évoluer leur organisation au service d’une plus grande efficacité. Les freins majeurs à une accélération de la transformation sont sans doute, les coûts d’investissement, la nécessité de revoir l’ingénierie et les pratiques pédagogiques, le manque de culture numérique, sans oublier la résistance à des changements qui nécessite de revoir toute l’ingénierie et les pratiques pédagogiques.

Les priorités pour la formation

L'accélération du télétravail

Alors que le télétravail a fait son entrée officielle dans le Code du travail en 2012 et est devenu un droit opposable depuis les ordonnances du 23 septembre 2017, il implique une révolution managériale et culturelle encore à venir. Si l’on considère l’augmen-tation du nombre d’actifs concernés et la durée hebdomadaire de travail à distance, comme l’estimait en 2015 Bruno Mettling, l’auteur du rapport au gouvernement « Transformation numérique et vie au travail », en prenant en compte toutes les formes de télétravail, c’est 17 % des salariés français qui seraient concernés.

À l’échelle de notre région, ce sont potentiellement plusieurs milliers de personnes dont la présence pourrait être renforcée ou maintenue dans les territoires. À terme, l’impact territorial de ces évolutions pourrait donc être considérable.

Le télétravail est un levier pour dynamiser les territoires ruraux, il a un impact environnemental direct sur la réduction des déplacements

Le télétravail est bien un levier pour dynamiser les territoires ruraux et il a un impact direct sur la réduction des déplacements, et donc un impact environnemental net. On peut constater l’effet positif du numérique pour l’environnement et noter le bénéfice social en termes de qualité de vie pour ses bénéficiaires.

Notre collectivité qui s’inscrit dans cette démarche pour ses propres agents peut jouer le rôle d’accélérateur du développement du télétravail auprès de ses partenaires, entreprises comme collectivités, en accompagnant les dynamiques de chacun au travers de leviers portés par ses politiques publiques.

Profiter du numérique partout en développant la capacité des territoires de Bourgogne-Franche-Comté à accueillir des télétravailleurs peut passer par le développement de tiers-lieux.

Une politique publique régionale permettant d’accompagner des espaces mutualisés facilitant le travail à distance, tout en créant des espaces de sociabilisations est une réponse intéressante dans le cadre de la revitalisation des centres bourgs. Elle est à penser en lien avec le programme “Nouveaux lieux, nouveaux liens” mis en place par l’État dans le cadre de l’appel à projet pour la création de 300 fabriques de territoires.

Les priorités pour le télétravail

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