Opportunités et risques du numérique : relever le défi des usages

La question des usages est d’abord et avant tout celle de l’appropriation de la technologie par l’ensemble de la population. Elle est au cœur des priorités de la Région.

Le véritable enjeu de la transition numérique est bien tout à la fois social (e-inclusion, numérique éducatif), économique (digitalisation des entreprises, cybersécurité), territorial (territoires intelligents, rationalisation de l’action publique) et bien sûr environnemental (maitrise des consommations énergétiques, moindre déplacements, sobriété numérique...).

Des activités économiques nouvelles émergent avec le numérique : la filière numérique est le premier secteur créateur net d’emplois en France avec près de 95 % en CDI, en Bourgogne-Franche-Comté, plus de 1 500 entreprises travaillent dans ce secteur, qui emploient plus de 9 000 personnes ; ce sont pour 80 % d’entre elles des sociétés en croissance, dont la majorité recrute (nombre d’emplois en hausse de 14 % par an dans la filière). La French Tech Bourgogne-Franche-Comté fédère les acteurs autour de l’innovation, de la conception de nouveaux produits et services, générant valeur ajoutée et emplois. Ces entreprises répondent à l’accompagnement de nouveaux enjeux territoriaux et économiques (mobilité, télémédecine, télétravail, agriculture connectée, etc.). Mais le numérique est aussi au cœur de multiples mutations des acteurs économiques traditionnels : l’industrie bien sûr mais aussi le commerce, l’artisanat, l’agriculture et les services. Le télétravail connaît un développement considérable accéléré par la situation sanitaire.

Nos entreprises travaillent à l’élaboration de solutions visant à créer des bâtiments intelligents

La révolution numérique s’avère être aussi un précieux outil pour relever le défi de la transition écologique.

Ainsi dans le secteur du bâtiment le cluster Smart Building Bourgogne-Franche-Comté, créé en 2019, concerne potentiellement 18 000 salariés dans la grande région. « Nos entreprises travaillent à l’élaboration de solutions visant à créer des bâtiments intelligents », résume son président, Jean-Yves Colas. Le Building Information Modeling (BIM) ouvre des perspectives nouvelles dans la manière de gérer les locaux des entreprises et des collectivités : optimisation des consommations énergétiques, rationalisation des opérations de maintenance, maîtrise des coûts de fonctionnement…

L’intelligence artificielle est source de progrès considérables qui bénéficient quotidiennement aux habitants.

En médecine par exemple aussi bien au CHU Dijon-Bourgogne (qui est le premier de France à avoir recruté un expert pour développer des solutions intégrant l’Intelligence Artificielle) que dans les maisons de santé où le numérique facilite et accélère les analyses par des spécialistes éloignés.

Les objets connectés constituent un progrès pour les personnes ayant besoin de suivre quotidiennement leur état de santé. Sur le territoire franc-comtois, 10 000 actes ont été réalisés à distance et 150 sites impliqués dans des opérations de télémédecine en 2018.

La télémédecine est une réalité concrète qui se développe de plus en plus. La crise COVID-19 a engendré une explosion du nombre d’actes (25 % des actes de consultation ont été des téléconsultations). Aujourd’hui 70 % des généralistes pratiquent la téléconsultation contre environ 1 % avant la crise.

Si l’utilisation massive du courriel permet de limiter la consommation de papier et si les visioconférences peuvent, dans certaines circonstances, remplacer les réunions en présentiel génératrices de déplacements, le numérique a également un coût environnemental (consommation électrique, matières premières…) qu’il ne faut ni ignorer ni exagérer. Il est particulièrement important de pouvoir mesurer globalement le bilan environnemental du numérique.

Le numérique a un coût environnemental qu’il ne faut ni ignorer ni exagérer

La dématérialisation des démarches en ligne est devenue le quotidien des citoyens comme des collectivités, que ce soit en matière d’état civil, d’inscription sur les listes électorales, de titres d’identité, de recensement, et bien sûr de paiement en ligne. L’essor des initiatives de « villes intelligentes » ou de « territoires connectés » augmentera considérablement le nombre et la qualité des services dématérialisés déployés, facilitant la vie des citoyens à conditions qu’ils maîtrisent les outils numériques et aient les moyens (financiers) de disposer des supports adaptés.

En même temps qu’il apporte des services considérables le numérique fait naître des difficultés que la Région veut réduire : la révolution numérique accélère le recul de la présence physique, de services publics et marchands, ou à minima des emplois qui y sont liés ; il fait naître, du fait de la qualité très inégale des infrastructures, de nouvelles fractures territoriales (alors qu’il doit « effacer les distances » à terme) ; il fait apparaître des difficultés d’usage pour une part très importante de la population qui ne suit pas le rythme des évolutions technologiques ou qui n’a pas les moyens d’accéder aux outils...

La France est en retard dans l’accompagnement numérique des plus précaires

« L’illectronisme » affecte entre 15 et 20 % de la population française. Une personne âgée sur deux n’a pas accès au web. Près de 40 % des Français ont des difficultés à mobiliser toutes les compétences nécessaires à l’utilisation d’Inter-net. Les personnes en situation d’exclusion habitent en milieu rural, en particulier dans les zones dites « isolées », et dans les villes.

Alors que la transformation numérique des services publics et la dématérialisation des informations administratives sont devenues incontournables, la dépendance au numérique des citoyens fait peser un risque majeur de « recul de l’accès aux droits et d’exclusion », selon le rapport du Défenseur des droits, qui alerte sur « les risques et dérives de cette transformation numérique » (rapport du 16 janvier 2019).

La France accuse en effet un retard important dans l’accompagnement numérique des plus précaires (on parle d’« e-exclusion » ou d’« illectronisme ») mais aussi, plus généralement, de tous ceux qui ne sont pas suffisamment « à l’aise » avec le numérique. Si le nombre d’illectronistes est évalué à 17 % par l’Insee il est certain qu’en fonction des territoires c’est plus de la moitié de la population qui est en difficulté avec le numérique (parce qu’elle n’a pas accès au THD, parce qu’elle n’a pas les moyens financiers, parce qu’elle n’a pas les connaissances suffisantes ou parce qu’elle n’a pas confiance…).

Les jeunes, sur lesquels plane la menace du chômage, font partie des populations fortement touchées par l’e-exclusion tant il est devenu indispensable de maitriser le numérique pour rechercher un emploi et/ou se porter candidat.

La question de l’inclusion numérique est donc devenue un défi social majeur que la Région entend relever avec les autres collectivités locales et l’État.

La sécurité des utilisateurs est aussi au cœur des enjeux d’usages. Entre octobre 2015 et octobre 2016, 85,3 millions d’éléments (identité, coordonnées bancaires…) ont été volés sur Internet en France, selon une étude de la société américaine Symantec, ce qui place la France en deuxième position des pays les plus touchés dans le monde après les États-Unis. Cyber-harcèlement, diffamation, désinformation, injures ou violences en ligne sont quotidiens, sans qu’il soit possible à ce jour de définir une parade judiciaire fiable. Les enfants, par ailleurs, constituent une cible de choix, d’autant que les Français âgés de 1 à 6 ans passent déjà 4h30 par semaine sur Internet selon Junior Connect, que 96 % des adolescents sont sur des réseaux sociaux, dont certains abritent des pratiques illégales et dangereuses.

Cyber-harcèlement, diffamation, désinformation, injures ou violences en ligne sont quotidiens

L’enjeu de la souveraineté des données est également essentiel avec des acteurs de dimension mondiale qui détiennent désormais des quantités considérables de données. La concentration du pouvoir économique dans les mains de quelques-uns, en tête desquels les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et les nouveaux géants asiatiques, est préoccupante. La question du stockage sécurisé et localisé en Bourgogne-Franche-Comté de nos données stratégiques doit ainsi trouver une réponse opérationnelle et les acteurs, citoyens, entreprises, associations, collectivités, doivent pouvoir s’emparer du sujet complexe de la donnée. La Politique Publique des Usages Numérique de la Région prend pleinement en compte ces objectifs.

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